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Comprendre les fondements du consentement éclairé

Par Ruth L Stewart, BA, RN, MHA, CHE | Date de publication 06 mai 2022

Le consentement éclairé (CI) découle du principe selon lequel une personne a le droit de prendre des décisions sur ce qui arrive à son corps. Dans le domaine de la santé, cela implique une communication bidirectionnelle entre un prestataire de soins de santé (PS) et un patient, aboutissant à l’accord (ou au refus) du patient de subir un traitement clinique spécifique. 

 

Les réclamations fréquentes contre les médecins impliquent des allégations selon lesquelles le consentement au traitement était absent ou inadéquat[1]. Les médecins ne sont pas les seuls PS qui peuvent négliger de fournir des informations adéquates sur une intervention proposée. Un formulaire de consentement signé ne confirme pas toujours la compréhension du patient des avantages et des risques potentiels du traitement proposé ou des alternatives à celui-ci. 

 

Les demandes fondées sur l’absence de consentement éclairé reposent sur l’idée qu’un patient n’aurait pas subi de traitement s’il avait compris le risque de préjudice. En cas de préjudice, un patient peut alléguer qu’un PS a fait preuve de négligence en l’informant adéquatement des avantages et des conséquences d’un traitement. Des réclamations pour voies de fait et coups et blessures peuvent survenir si le PS agit sans consentement ou si la portée du traitement va au-delà de ce qui a été convenu, comme l’administration d’un médicament après que le patient l’a spécifiquement interdit.

 

Pour aider les établissements de santé et les praticiens à minimiser les responsabilités potentielles associées aux exigences de consentement, ce blog abordera le processus de consentement éclairé, les interventions ou les traitements nécessitant un consentement exprès et les formulaires de consentement.

 

Consentement implicite versus consentement exprès

Une grande partie de la pratique de chaque PS est effectuée sur la base du consentement implicite du patient – des actions qui indiquent que le patient donne la permission à PS de faire quelque chose. Par exemple, il est sous-entendu qu’un patient a consenti à ce qu’on prélève du sang lorsqu’il se lève la manche et tend le bras.

 

Le consentement exprès (verbal ou écrit) doit être obtenu lorsque le traitement est « susceptible d'être plus que légèrement douloureux, lorsqu'il comporte un risque appréciable ou lorsqu'il entraînera l'ablation (suppression ou destruction) d'une fonction corporelle ».[2]. Dans ces circonstances, le PS a la responsabilité éthique et légale de communiquer des informations spécifiques sur une intervention ou un traitement proposé et de répondre aux questions du patient afin qu’il puisse décider de poursuivre ou non.

 

Exigences pour un consentement valide

Pour se défendre contre une allégation de négligence ou d’agression et de voies de fait, le PS doit s’assurer que le consentement satisfait aux exigences suivantes :

 

  • Il est volontaire, donné sans aucune suggestion de coercition ou de menace, et le patient est libre d’accepter ou de refuser le traitement;
  • Le patient a la capacité de consentir et une compréhension raisonnable de l’intervention ou du traitement proposé, de l’effet de l’intervention ou du traitement et de ses alternatives, et des conséquences du refus de l’intervention ou de la procédure. Au Canada, les mineurs peuvent donner leur consentement s’ils ont la maturité mentale et émotionnelle de le faire. (Au Québec, l’âge du consentement est fixé à 14 ans.) Une personne incapable de prendre certaines décisions peut encore être en mesure de prendre des décisions concernant ses soins médicaux; et,
  • Le patient est pleinement informé et a reçu des informations adéquates sur le traitement proposé, y compris ses bénéfices attendus et ses risques significatifs ainsi que des alternatives raisonnables.

 

Éléments du consentement éclairé

Pour que le consentement soit considéré comme éclairé, le patient doit recevoir des renseignements suffisants sur les éléments suivants :

 

  • La nature des soins proposés, y compris une description de ce qu’ils supposent et des raisons pour lesquelles ils sont proposés;
  • Les risques (conséquences prévues) et les avantages prévus des soins proposés;
  • Les solutions de rechange raisonnables et leurs risques, et les raisons pour lesquelles les soins proposés sont préférables aux autres options;
  • Les conséquences du refus des soins proposés;
  • La compréhension du patient de ce qui précède.

 

Le patient doit recevoir des informations compréhensibles, sans l’utilisation d’un langage complexe et d’une terminologie médicale.

 

L’obligation d’obtenir le consentement incombe au PS qui procédera à la procédure ou à l’intervention. Cette responsabilité ne peut être déléguée à un autre professionnel, comme une infirmière ou un assistant.

 

Formulaires de consentement non éclairés

La signature d’un patient sur un formulaire de consentement n’équivaut pas à un consentement éclairé. On sait que les patients signent des formulaires de consentement sans comprendre ce à quoi ils ont consenti. C’est la discussion bilatérale entre le DGPS et le patient qui est essentielle au processus de consentement. Le formulaire de consentement est la confirmation documentaire que le patient a reçu et comprend des explications au sujet du traitement proposé et qu’il accepte ce qui est proposé.

 

La personne qui assiste le patient à signer le formulaire de consentement, si ce n’est le proposant du traitement, n’est témoin que de la signature du patient. Le témoin ne confirme pas que le patient a été informé et comprend les bienfaits et les conséquences d’un traitement. Si un patient déclare qu’il a des questions sur le traitement proposé, le patient ne doit pas signer le formulaire et le PS traitant doit en être informé.

 

Lorsque des formulaires de consentement sont utilisés, ils doivent être remplis intégralement.

 

Conclusion

En mettant en œuvre un processus de consentement éclairé solide, les établissements de santé et les prestataires de soins contribuent à garantir que les patients sont consultés sur les décisions affectant leur corps et que leurs questions reçoivent des réponses afin de minimiser les risques de litige. Qu’est-ce que cela devrait inclure?

 

  • Connaître tout règlement provincial sur le consentement et la capacité et s’y conformer.
  • Le respect de la norme ou de la politique de l’organisme de réglementation pertinent en matière de consentement.
  • Demander aux patients de décrire le traitement dans leurs propres mots pour confirmer leur compréhension de l’information.
  • Élaborer des formulaires de consentement qui traitent des éléments du consentement énumérés ci-dessus.
  • S’assurer que les formulaires de consentement sont entièrement remplis avec le traitement spécifique à effectuer, le nom du PS effectuant le traitement, le nom et la signature du témoin, ainsi que le nom et la signature du patient.
  • Documenter la discussion sur le consentement dans le dossier du patient. Les éléments suggérés dans la documentation comprennent : 
    • Principaux risques discutés;
    • Risques mineurs mais importants mentionnés;
    • Toutes les questions posées par le patient;
    • Réponses données;
    • La compréhension apparente du patient (surtout s’il s’agit d’une jeune personne ou d’une personne dont la capacité ou la compétence mentale pourrait être remise en question); et,
    • Tout document fourni au patient.[3]

 

CNA Canada

CNA offre une assurance contre la faute médicale aux établissements de santé et aux praticiens de la santé (à l'exception des médecins, car tous les médecins canadiens autorisés sont membres de l'ACPM, qui fournit une assistance médico-légale aux médecins, y compris la défense juridique). Notre expertise de l'industrie, nos services personnalisés et notre couverture complète aident les organisations de soins de santé à naviguer dans le paysage en évolution avec succès.

 

[1] ACPM. (2 021,) Consentement : Un guide pour les médecins canadiens.https://www.cmpa-acpm.ca/en/advice-publications/handbooks/consent-a-guide-for-canadian-physicians.

[2] Idem.

[3] Idem.

Au Canada, les produits et/ou services décrits sont fournis par Continental Casualty Company, une compagnie d'assurance IARD. Les informations sont destinées à présenter un aperçu général à des fins d'illustration uniquement. Lisez la clause de non-responsabilité générale de CNA.

Au Canada, les produits et/ou services décrits sont fournis par Continental Casualty Company, une compagnie d'assurance IARD. Les informations sont destinées à présenter un aperçu général à des fins d'illustration uniquement. Lisez la clause de non-responsabilité générale de CNA.

Ruth L Stewart, BA, RN, MHA, CHE
Consultant principal en contrôle des risques

Ruth Stewart est conseillère principale en contrôle des risques, Santé, de CNA Canada. Ruth apporte à son rôle une expérience en soins infirmiers cliniques, notamment en chirurgie, en soins intensifs et en soins infirmiers pour traumatismes, ainsi qu’en gestion des risques dans le secteur sans but lucratif. Elle a quitté le secteur des soins de santé pour travailler avec un courtier international, utilisant ses connaissances cliniques et opérationnelles pour aider les assurés en soins actifs et en soins de longue durée à mieux gérer leurs risques. Ruth travaille directement avec les assurés pour gérer le risque opérationnel et élabore des publications, des outils et d’autres ressources pour aider les assurés à gérer le risque. Ruth collabore avec une équipe de professionnels chevronnés du contrôle des risques liés aux soins de santé et de la gouvernance aux États-Unis et au Royaume-Uni afin de fournir une gamme complète de services en matière de risques aux assurés de CNA.

 

Ruth a reçu sa formation d’infirmière du Collège George Brown et sa maîtrise en administration de la santé de l’Université d’Ottawa. Elle est membre de l’Ordre des infirmières et infirmiers de l’Ontario (OIIO) et membre agréée (CHE) du Collège canadien des leaders en santé (CCLS).